Lyon Meishin Kyudojo



             

                                                                       
Anzawa Sensei (1887 - 1970)


Le Kyudo est considéré au Japon comme l'un des Budo les plus purs. Cet art martial très ancien, dont les origines se perdent entre mythologie et légende, est aujourd'hui pratiqué par quelques 480 personnes en France, licenciées à la Fédération Française de Kyudo Traditionnel.
Si l'arc japonais était utilisé avant tout pour la guerre par les samouraïs entre le XIIe et le XVIe siècle, il n'est plus une arme depuis longtemps... Aujourd'hui, le Kyudo est pratiqué avant tout pour atteindre à un certain niveau physique, moral et spirituel.
L'influence philosophique très forte du zen, adopté il y a plusieurs siècles par les samouraïs comme méthode d'entraînement moral, permet aujourd'hui aux pratiquants modernes du Kyudo de mieux se comprendre et de mieux comprendre le monde autour d'eux.


« Il ne s'agit pas de viser une cible extérieure, mais l'archer et la cible sont unis, on intègre la cible à soi-même. Il faut oublier l'arc qui tire, oublier soi-même, ne faire qu'un avec l'arc et la cible, tendre vers l'infini sans en connaître le point d'aboutissement... » disait Anzawa Sensei, grand maître de Kyudo au Japon, mort en 1970.
Au Kyudo, on apprend à utiliser son énergie de manière équilibrée en la répartissant dans tout le corps, et à n'utiliser que la force nécessaire à l'accomplissement de la tâche que l'on veut effectuer, ni plus, ni moins. Le processus d'apprentissage est long et difficile. L'entraînement doit toujours être axé autour de ces six éléments : la vérité, la bonté, la beauté, l'équilibre, l'humilité, la persévérance.
Le Kyudo nous dépouille peu à peu de toutes les couches protectrices dont nous avons enveloppé notre moi profond, jusqu'à ce que se révèle notre véritable nature. Pour dire les choses simplement, le Kyudo met à jour nos insuffisances. Tout ce qu'on est se reflète dans le tir. C'est à chacun ensuite de faire son auto-évaluation et trouver son équilibre en fonction de cela.
La progression dans la pratique passe évidemment par le travail personnel intensif qui comprend le tir d'entraînement individuel et le tir à plusieurs archers : différentes formes de tirs de cérémonie permettent de travailler au développement de l'harmonie, avec soi-même et avec les autres.
Mais la rencontre avec des Sensei japonais, qui chaque année sont invités en Europe pour enseigner directement aux pratiquants de tous niveaux, est une étape fondamentale dans l'évolution de chacun. Les démonstrations, l'enseignement et les corrections individuelles permettent à tous de faire un grand pas dans la compréhension du Kyudo, tant au point de vue de la technique que de sa dimension spirituelle.



Les Dans (niveaux), attribués chaque année à l’occasion de séminaires européens, permettent de préserver cette discipline et d’aider à son développement en Europe par la formation d’enseignants, en charge de dojo dans leurs pays respectifs. Les critères de sélection n’ont rien à voir avec ceux développés dans le tir à l’arc occidental. Ici, on ne peut déterminer les meilleurs archers en regardant leurs scores respectifs.
Les paroles d'Onuma Sensei, Hanshi 9e dan mort en 1990, sont éloquentes : « Pour juger un archer au Kyudo, il ne faut pas regarder la cible, il faut regarder l'archer. Son corps est-il droit ? Est-il détendu ? Ses mouvements sont-ils précis et efficaces ? Est-ce qu'il cligne des yeux ou effectue des mouvements inutiles ? Au moment du lâcher, a-t-on l'impression que sa flèche transperce notre âme ? Voilà ce qu'il faut observer chez un archer de Kyudo. »
L'esprit du Kyudo ne tolère pas la compétition. Celle-ci se manifeste en Kyudo sous forme de tournois, mais elle n'est que support à un travail intérieur plus profond sur « l'état de non-conflit » vers lequel tendent les pratiquants.
Le Kyudo Kyohon, manuel de référence du Kyudo écrit et mis à jour par le collège des maîtres archers japonais, précise : « Le but de la compétition n'est pas de créer un perdant. On doit avoir du respect pour les autres candidats engagés. Considérer qu'il s'agit de battre un adversaire, ou vouloir gagner à toutes fins quitte à y perdre sa stabilité spirituelle, n'est pas correct. Conserver un esprit serein au plus fort de la compétition, c'est cela, pratiquer le vrai Kyudo ». Le proverbe qui dit « Mille flèches ou dix mille, chacune doit être nouvelle » exprime bien l'essence du Kyudo. Cela veut dire qu'il ne saurait y avoir de tir parfait et qu'on ne doit pas se tenir pour satisfait lorsque l'on a réussi un tir. Il faut toujours essayer de faire mieux. L'idée de ne pas s'autoriser de période de repos pour savourer son succès peut paraître étranger à certains. C'est ce dernier concept, pourtant, qui sépare le Kyudo des autres formes d'archerie où l'on mesure la perfection, généralement, en terme d'efficacité technique. Un des principes de base du Kyudo est qu'un tir, quel qu'il soit, même un tir en apparence parfait, peut toujours être amélioré. Pas sur un plan technique, parce qu'il existe une limite à la technique, mais le mental, l'esprit, ont un potentiel illimité pour s'améliorer.
La pratique du Kyudo est sans fin ; la récompense n'est pas d'atteindre à la perfection, mais de la poursuivre sans relâche. Il faut d'abord apprendre les bonnes techniques de façon à pratiquer correctement. Et ensuite, il faut passer sa vie à essayer de rendre son tir pur.




Les trois valeurs essentielles du Kyudo :


Shin Zen Bi

(Vérité, Bonté, Beauté)