Lyon Meishin Kyudojo : Le Matériel
I ) L’arc : Yumi

L’arc japonais est très particulier et n’a d’équivalent dans aucun pays du monde. Il est très grand et privé de tout équipement, sa poignée est placée asymétriquement, au tiers inférieur, et lors de la décoche de la flèche, il pivote dans la main de l’archer, si bien que la corde vient toucher l’extérieur de son avant-bras gauche.
À noter que tous les pratiquants, droitiers ou gauchers, tiennent l’arc de la main gauche afin de rester toujours en face des juges qui se trouvent devant le Tokonoma (sorte d’autel).
Autre particularité : la flèche se pose sur le côté droit de l’arc, à l’inverse de ce qui se fait dans le tir à l’arc occidental.
Matériau
Les arcs existent en bambou ou en matières synthétiques. Le bambou est évidemment le matériau le plus noble pour la pratique du Kyudo, et pas seulement pour des raisons esthétiques : la nature même du Kyudo appelle un matériau naturel. Mais l’arc en bambou est délicat, sensible et fragile, presque vivant. Il ne supporte pas la négligence et demande un soin de tous les instants, ainsi qu’une technique de tir sans défaut, pour qu’il ne se déforme pas. Le pratiquant doit le retravailler en fonction de l’humidité ou de la sécheresse de l’air.
Les débutants sont donc plutôt amenés à commencer la pratique du Kyudo avec un arc en fibre de verre ou en fibre de carbone.
Taille
La taille de l’arc est adaptée à la taille de l’archer.

Taille de l’archer Type de l’arc Longueur associée
Moins de 1,50 m Sansun-tsumari 2,12 m
Entre 1,50 m et 1,65 m Namisun 2,21 m
Entre 1,65 m et 1,80 m Nisun-nobi 2,27 m
Entre 1,80 m et 1,95 m Yonsun-nobi 2,33 m
Entre 1,95 m et 2,10 m Rokusun-nobi 2,39 m
Plus de 2,10 m Hassun-nobi 2,45 m
Force
La puissance des arcs varie en fonction de la force de l’archer, allant en général de 10 à 25 kg.
II ) Les Flèches : Ya

Matériau
Les flèches peuvent être en bambou, en aluminium ou en fibre de carbone ; le choix du matériau se fait surtout en fonction du prix, car il n’y a pas vraiment de problème d’entretien pour les flèches en bambou. Il suffit de les frotter régulièrement avec un chiffon imprégné d’huile d’amande douce.
Les flèches pour le tir à la Makiwara sont dépourvues d’empennage, et la pointe, toujours en métal, en est conique. Les flèches pour le tir à la cible (Mato) ont une pointe en métal, plus fine.
Hazu

Le Hazu, à l’autre extrémité de la flèche, est une petite pièce en corne ou en plastique, qui comporte l’encoche. Il existe une très grande variété de plumes pour l’empennage des flèches destinées au tir à la Mato. La qualité, et donc le prix, varient énormément, des plus simples (dinde), aux plus luxueuses (aigle noir, faucon). Elles demandent un léger entretien : il faut les remettre en forme régulièrement, à la main ou à la vapeur.
Taille
L’épaisseur du fût des flèches varie en fonction de la puissance de l’arc. Quant à la longueur des flèches, elle se détermine en fonction de la taille de l’archer. Elle est égale à la longueur entre le milieu du cou et l’extrémité du bras gauche tendu (Yazuka), longueur à laquelle on rajoute 5 à 10 cm, pour la sécurité du tir.

Haya et Otoya
Au Kyudo, on tire deux flèches à la suite. La première s’appelle Haya, la seconde Otoya. On reconnaît l’une de l’autre par le sens de l’incurvation des plumes. Haya est incurvée dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et tournera, lors du tir, dans le sens des aiguilles d’une montre. Otoya est incurvée dans le sens des aiguilles d’une montre, et tournera dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Quand on regarde les flèches de derrière (dans l’axe du fût), on voit le sens d’incurvation des plumes.

Quand on regarde les flèches de face (Hazu à droite), on voit la partie collée sur le fût : sur le dessus pour Haya, sur le dessous pour Otoya.

III ) La corde : Tsuru

« La corde compose la partie essentielle de l’arc. Elle représente l’axe du monde autour duquel tout gravite ; le point d’encoche de la flèche est le centre du monde manifeste. La légende veut que l’arc n’ait pas été inventé par l’homme, mais soit un don de Dieu ; elle ajoute que l’arc se conçoit à partir de la corde, et non le contraire. » (Michel Martin)
Matériau
Là aussi, les matériaux naturels coexistent avec les fibres synthétiques. Les meilleures cordes sont celles en chanvre naturel, bien que plus fragiles, moins résistantes. Elles permettent un lâcher plus doux, avec un Tsurune (son que fait la corde au moment du lâcher) plus délicat.
Les cordes en fibres synthétiques ou mélangées sont plus solides. L’épaisseur de la corde est fonction de la puissance de l’arc.
Les cordes naturelles ou mélangées demandent un entretien régulier, de façon à en prolonger la durée de vie. Elles doivent être enduites d’une résine de pin (Kusune), puis frottées avec un Waraji, de façon à bien répartir le Kusune et en imprégner les fibres de la corde.
L’archer doit toujours avoir près de lui une seconde corde, préparée, enroulée sur un Tsurumaki. Ainsi, si sa corde casse au cours d’un Sharei, elle peut être remplacée sans en gêner le déroulement.

Nakajikake
Le Nakajikake est la partie renforcée de la corde à l’endroit où la flèche est encochée. Il se prépare en enroulant la corde avec de la filasse, sur une hauteur d’environ 9 cm. Il peut se préparer avec de la colle blanche ou du Kusune, puis on le presse fortement à l’aide d’un Doho, outil formé de deux morceaux de bois.

IV ) Le gant : Kake

La main droite, qui tient la corde, est protegée par un épais gant de cuir, aujourd’hui encore fait artisanalement avec du cuir de cerf, très renforcé au niveau du pouce et du poignet. Il existe trois sortes de gants ; les plus utilisés sont le Mitsugake, gant à 3 doigts et le gant à quatre doigts, Yotsugake, utile pour ouvrir des arc forts.

L’archer doit toujours être agenouillé en Seiza, lorsqu’il met son gant.
Le cuir étant une matière vivante, le gant doit être entretenu avec soin. En particulier, il ne faut jamais ranger un gant humide, ou avec un sous-gant humide à l’intérieur. Le gant se range dans un étui en tissu, qui permet au cuir de respirer. Pour ne pas l’abîmer prématurément, il faut éviter l’excès de Giriko, cette poudre que l’on met sur le doigt qui referme le torikake pour empécher un lacher inapproprié.
V ) La tenue
La tenue d’exercice standard est composée des éléments suivants :
 
le Keikogi, haut blanc, à manches courtes,
le Hakama, une jupe-pantalon (ou jupe pour certains modèles) longue ; noir pour les hommes, noir ou bleu marine pour les femmes, il est légèrement différent selon les sexes (ceinture montante à l’arrière pour les hommes),
le Obi, ceinture épaisse qui se place sur le Keikogi mais sous le Hakama,
les femmes portent un Muneate (protège-poitrine), blanc, noir ou transparent, en plastique ou en cuir
les Tabi sont des chaussettes blanches, au pouce séparé,
les Zori, sandales japonaises, sont utilisées pour se déplacer en dehors du dojo,
à partir du 4e dan, les pratiquants doivent porter le kimono, dont les couleurs délicates et variées apportent une beauté certaine à la cérémonie du tir.